jeudi 19 mars 2015
Compte-rendu de la résidence marionnette-philo du Labo Laps à l'Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières
Le dernier jour
de la résidence a ouvert la voie aux premières expérimentations pratiques du
projet porté par Raffaella Gardon "La jeune fille aux mains coupées
ou je me recompose (différemment)". Dans les locaux de l’ESNAM, nous avons
pu profiter d’une vaste salle de répétition pour initier les premiers essais de
manipulation de Chrysocolle, la marionnette fraichement conçue qui sera mise en
jeu.
Shirley Niclais,
dramaturge du projet et marionnettiste, se prête à la manipulation, bientôt
rejointe par Shérazade Ferraj, élève de la nouvelle promotion de l’école qui
s’essaie à son tour au jeu de cette marionnnette 'portée-habillée' que nous
avons imaginée. Il s’agit d’une sorte d'armure ou de coquille. La manipulatrice
est complètement liée à la marionnette qui est attachée à sa robe, les pieds
scratchés sur ses chaussons, la tête reliée par des fils à sa propre tête.
Première
étape : découverte du fonctionnement tête manipulatrice-tête marionnette.
Les mouvements de la tête doivent être très délicats pour insuffler le
mouvement à celle de Chrysocolle. Si le mouvement part de la tête, il doit être
suivi et soutenu par le torse de la manipulatrice pour un mouvement clair
scéniquement. Les mouvements aériens du corps fonctionnent très bien. La danse,
par exemple, est une action à développer car elle est très efficace avec ce
corps dégingandé et fait le lien avec toute la partie dansée de la jeune femme,
une fois la mue effectuée. Pendant ces tentatives, l'arrivée du soleil par le
velux du grenier, illuminant le visage de Chrysocolle par derrière, nous plaît
beaucoup. Nous le notons pour la création lumière. Nous notons également quelques
modifications techniques à apporter à la marionnette encore difficile à manier:
- la jambe droite fonctionne mieux car elle est plus longue, il faudra donc
rallonger la gauche - ouvrir la robe dans le dos jusqu'en bas - ajouter des
rotules pour éviter que les jambes ne se plient à l'envers, lorsque Chrysocolle
est en mouvement (marcher, s'asseoir etc...). Cet atelier est à titre
salvateur !
De toute cette
semaine, nous retenons plusieurs apports importants nourris par les discussions
passionnantes avec les autres participantes. Raphaèle Fleury nous a fait
découvrir les Otomé bunraku japonaises que notre dispositif de manipulation lui
rappelle. Cette version féminine du bunraku dont l’unique manipulatrice dirige
en partie son pantin à l’aide de fils qui relie leurs deux têtes nous était
tout à fait inconnue. Nous sommes très excitées par cette découverte. Des
recherches sont en cours pour en savoir plus et pouvoir assister à des
spectacles. Merci Raphaèle !
A la fin de
l’atelier, nous avons évoqué l’esthétique singulière de notre poupée de tissu
dont les coutures sont apparentes. Cela rappelle le squelette, les côtes, et la
vulnérabilité de ce personnage en cours de construction. Nous voulions aller
sous la douceur apparente que dégage de prime abord cette petite fille
'parfaite', faire entrevoir une possible blessure et sentir qu’une étape est à
dépasser. Anaëlle Impe a alors évoqué alors le 'Moi-peau' de Didier Anzieu :
lecture en cours ! Les premiers jalons de la prochaine résidence du LAPS autour
du projet et de la question de l’identité et sont donc posés. Rendez-vous à la
Nef de Pantin fin avril !
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